JE SOUHAITE FINIR CETTE ANNÉE EN RACONTANT quelque chose de très personnel, qui m’a profondément marquée.
J’avais 10-11 ans, j’étais encore en primaire. J’avais passé l’après-midi chez une amie et je rentrais seule chez moi.
A cette époque je me promenais souvent seule dans ma ville de province. Les enfants étaient beaucoup plus libres qu’aujourd’hui.
Je me trouvais donc seule dans une rue très peu fréquentée. Un homme m’aborda en me parlant d’abord de banalités, je pense. Je ne me souviens plus très bien du début de cette rencontre. Puis tout en marchant à côté de moi, il commença à me parler de mes collants. Il me dit quelque chose comme “c’est bien les collants, ça tient chaud”. Je trouva cela bizarre et ne me souviens plus du tout de mes mots. Ensuite il me parla de ma culotte en me demandant de quelle couleur elle était. A ce moment-là, une sonnette d’alarme retentit dans ma tête. Ce n’était vraiment pas normal qu’un inconnu me parle de ma culotte. Je me mis à courir, conscient que cet homme pouvait être dangereux. Je courus ainsi très vite sans me retourner jusqu’à ma maison.
Je me rappelle que j’ai eu très peur, me demandant souvent, par la suite, ce qu’il aurait pu m’arriver si je n’avais pas fui. Peut-être rien, peut-être le pire, je ne le saurai jamais. Les jours suivants j’avais très peur de retomber sur lui. Je me disais qu’il avait pu me suivre et savais où j’habitais. Sur le moment je ne dis rien à personne, pas même à ma mère. Pour éviter les questions gênantes, pour être tranquille, par honte. Je ne sais pas pourquoi.
Je n’en ai parlé à personne jusqu’à l’âge de 30 ans.
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